Le roi des animaux palois, à Carrefour Rencontre son rival aux élections prochaines Qui pousse son caddie : « Cher âne, mon amour, Lui dit-il, devisons. Viens. Romps un peu tes chaines. » Le baudet obéit. « Crois-tu vaincre un lion ? Crois-tu que mon bon peuple ira pour toi aux urnes ? Vois, considère-toi, blafard et taciturne, Tu effraies l’électeur au soir de l’élection. » L’âne n’objecte point et haussant les épaules Poursuit ses commissions, nonchalant et distrait.
Le jour fatal arrive : on vote sans arrêt. Aucune abstention - cela tient du prodige ! Ce fut en somme un jour mémorable, que dis-je ? Historique ! L’on dépouilla jusqu’au matin. L’âne sortit vainqueur - qui l’eût cru ? - du scrutin.
Dans ce monde incertain, nul n’est indispensable, Sujet du vent, on n’est jamais que grain de sable Et l’on trouve toujours, à quel poste qu’on soit, Pour tenir son emploi un plus baudet que soi.