Les réactions des (ex-)participants au Dakar depuis l’annonce de l’annulation de l’épreuve sont consternantes. Elles oscillent entre l’apitoiement sur eux-même, le caprice de colère contre les politiques qui les ont privé de leur jouet, et l’argent qu’eux et leurs gentils sponsors ont perdu.
Bien sûr, on peut comprendre leur déception, elle est réelle. Mais leur courte-vue et leur absence totale de recul sur la situation est assez révélatrice de la nature profonde de cet évènement : un show sportif de riches chez les pauvres qui servent de décor.
Qu’ils ne sachent pas mettre en perspective leur petite contrariété avec ce qui est ni plus ni moins une nouvelle manifestation du conflit déclaré contre le monde occidental par des groupes terroristes, en dit long. Il faudra encore combien d’attentats à New-York, Londres, Madrid, Paris, pour que nos as du volant comprennent de quoi il s’agit ? Les instabilités géopolitiques qui se préparent, ils s’en fichent du moment qu’ils peuvent aller faire mumuse dans les dunes ?
Du milieu automobile, j’ai lu une seule réaction lucide, celle d’Ari Vatanen, ancien vainqueur du Dakar :
"C’est très dur pour le sport, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. On se rend compte des effets de la politique des pays occidentaux en Afrique depuis 50 ans. Les gens sont tellement désespérés qu’ils s’abandonnent au terrorisme et aujourd’hui le rallye est pris en otage par les voyous, les terroristes et les fanatiques. Les pays africains sont rongés par la corruption mais nous avons une responsabilité. La valeur du Dakar, c’est d’être une vitrine de l’Afrique. Les Africains ont été privés de tout, faut-il les priver aussi du Dakar ? Le fait d’annuler le rallye doit nous réveiller : le destin des Africains, c’est le nôtre."
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