Où il est question du Béarn (comme Pays, comme micro-région, comme département comme principauté (chacun cochera le qualificatif, jamais anodin, qui lui convient. Et le lecteur reconnaîtra les siens). Où il est question de son positionnement dans un contexte pyrénéen ou aquitain mais certainement européen. Où il est question, enfin et surtout, de sa structuration et de ses équilibres autour de ses différents pôles.
Des pôles à relier par des transports efficients, modernes et écologiques, ouverts sur le grand large et les réseaux nationaux ibériques et européens. Tout cela pour préparer le jour d’après. Le jour où les carburants viendront à manquer ou seront, définitivement, devenus inabordables. Des pôles pour se structurer (et non se perdre) dans autre chose qu’une métropole paloise, devenue obèse et tentaculaire, dévoratrice d’espaces naturels et agricoles exceptionnels. Le tout dans un département réduit à ses seules métropoles Pau et Bayonne.
On doit rappeler quels sont les sous-pays béarnais autour desquels les connexions sont à trouver. Le Béarn de la haute montagne des deux vallées d’Ossau et d’Aspe auxquelles on peut ajouter Barétous et Ouzoum. Le piémont oloronnais et les pays des coteaux, de Pau à Orthez et de Pau à Garlin et à Tarbes.
Sans oublier ce qui pourrait être ultime frontière, un lebensraum basco-béarnais au pays de Jacques Pédehontaa. Soit les pays des gaves autour de Navarrenx et de Salies pour aboutir dans la province de Soule. La Soule à la fois la plus basque des sept provinces et la plus tournée, du point de vue de l’architecture et de l’économie, vers le Béarn... comme nous l’a rappelé la personnalité d’Aurore Martin avec son patronyme franchouillard pourtant mauléonaise et née à Oloron. Ces pays du gave sont plein d’atouts (dont l’espace et la plaine) et pourraient avoir un destin plus excitant que celui de ventre mou du département...
On peut rappeler, à ce propos, que Mauléon était relié à Puyoo via Salies jusqu’en 1991, avec même, un projet audacieux pour relier la ligne à la vallée de l’Ebre et à l’axe Bilbao Barcelone. Et que, bien avant dans l’histoire, aux temps obscures des Basses Pyrénées, il existait une ligne de tramway (dite POM) entre Pau et Mauléon via Oloron et Tardets.
L’idée est de réactiver et de développer ces très nécessaires infrastructures pour les voyageurs mais surtout pour le fret . Ceci en suivant le très heureux exemple de la revitalisation de la ligne (sous l’impulsion active de Bernard Uthurry ?) du chemin de fer Pau Oloron qui ouvre, enfin, le chemin de la Pau Canfranc avec l’ouverture à Bedous en 2015... aux dernières nouvelles. On peut parier que, le long de cette ligne, va se conforter un développement économique (notamment autour d’Ogeu et son potentiel industriel) et permettre les flux de populations laborieuses entre les deux (importantes) entités économiques autrement que par la nationale 134 mal calibrée et accidentogène.
Sans méconnaître, dans ces nouveaux temps fantasmatiques dédiés à l’image, l’intérêt touristique évident du petit train au pied des Pyrénées, dispensateur de paysages à couper le souffle, dans l’intimité du piémont. Avec ses paysages, à plusieurs profondeurs de champs, à la fois bucoliques et grandioses, heureusement desservis par des ouvrages d’art maçonnés particulièrement sympathiques.
Il n’est pas interdit de rappeler, également, qu’il existait une gare à Laruns pour desservir, via Arudy, la très touristique et industrieuse vallée d ’Ossau.
Enfin pour se tourner, définitivement, vers le futur et ne pas être accusé de passéisme pourquoi ne pas inventer, et financer, des moyens de transport plus rock’n roll : par exemple des téléphériques urbains ou des funiculaire pour transporter personnes et marchandises. Par exemple un funiculaire pour visiter saint-croix à Oloron ou doubler celui de la gare à Pau pour monter les marchandises dans le centre devenu piétonnier. Pourquoi, avec des installations de grandes capacités, ne pas passer les marchandises par ce moyen pour ravitailler les stations ou ... pour doubler le tunnel du Somport qui n’a pas aujourd’hui prouvé son efficacité et où les camions dévissent, plus souvent qu’à leur tour, dans le gave pour une trempette impromptue.
Pourquoi ne pas imaginer que des aérostats de type Zeppelin, dans une mesure raisonnable, participent aux transport des matières pondéreuses. Il est difficile de prétendre que ces technologies, anciennes et éprouvées, ne puissent être réactivées, avec toute la puissance et le raffinement de la technologie d’aujourd’hui, et, éventuellement des financements européens qui seraient, là, particulièrement bien utilisés. Ne pas oublier enfin de se connecter au franchissement central des Pyrénées via un tunnel ferroviaire qui, par son évidence écologique et européenne, finira bien par s’imposer.. et dont la réactivation du tunnel ferroviaire du Somport sera, à la fois, une préfiguration et un très bon auxiliaire ;..
Tout cela est affaire de méthode, d’ordonnancement, et d’imagination... Aux politiques de se positionner sur ces thèmes incontournables dans la perspective des prochaines municipales... Aux citoyens de les interpeller...