Du retard pour les capillaires, la mise en plis ne sera pas prête à l’heure dite ! La boutade était encore loisible en avril 2004. L’humour le cède aujourd’hui à l’inquiétude.
La Communauté d’Agglomération Pau Pyrénées s’est lancée officiellement dès avril 2002 dans la mise en place d’infrastructures propres à recevoir une fibre optique porteuse des hauts, très hauts, débits de l’information. La circulation sanguine avec ses artères, artérioles et capillaires donne un peu l’image de la réalisation en cours. L’objectif est triple, par niveau de débit décroissant : déployer des boucles locales connectées en gigabits aux réseaux longue distance ; fournir des services à haute valeur ajoutée exigeant du très haut débit ; favoriser l’accès le plus large aux habitants à des services « Triple play » (voix/données/images). Pour ce 3e objectif, il fallait aller très vite de façon que les particuliers trouvent l’accès à ces services à leur porte et dans les meilleurs délais après l’annonce du lancement.
2005 approche et le succès auprès des particuliers n’est pas au rendez-vous. Pendant que les problèmes techniques et de gestion immobilière s’accumulaient, entravant l’avancée des raccordements, les grands fournisseurs d’accès fourbissaient leurs contre- offensives. La Foire de Pau en septembre dernier avait révélé la faible popularité du 3e objectif « favoriser l’accès le plus large aux habitants à des services « Triple play » porté par la SA IPVSET ». Le fait était confirmé en novembre.
IPVSET, start-up promise au meilleur avenir, 3e lauréate en août 2004 des 7 merveilles du Net d’HOURTIN avec ses services Triple play destinés au réseau PBC de la CDA, IPVSET est aujourd’hui en mauvaise posture. On connaît le sort trop fréquent des start-up dédiées aux NTIC : une réussite éphémère, une chute brutale. En l’occurrence même le début n’a pas été une réussite. Nous connaissons les porteurs et les enjeux et cela nous touche. La collectivité a-t-elle manqué de prudence ?
C’est qu’on ne joue pas comme cela dans la cour des grands. Les AOL, les Wanadoo, les 9Telecom et autres Free se sont lancés sur les traces d’une proie pour eux facile, alertés par la réussite trop tôt annoncée de PBC, aidés par les retards de la mise en réseau. Inutile pourtant de proclamer : « Je vous l’avais bien dit ! ». Il faut savoir maintenant comment la collectivité peut réagir face aux difficultés d’IPVSET, il en va de la crédibilité du projet tout entier.
Au printemps 2002, le projet PBC était à l’avant-garde du mouvement TIC très très haut débit. L’avance s’amenuise. En 2007, la singularité paloise sera banalité sur le territoire national.
En attendant, rien n’est perdu, l’outil à la disposition des entreprises et des administrations est et demeurera remarquable pour quelques années. La demande concernant le fameux triple play ne peut que se développer. Mais un énorme effort de formation devra être consenti pour faire de l’outil PBC un support de développement économique et culturel durable. De l’éducation à la santé, du commerce aux services, tout va être emporté dans le courant irrésistible des TIC. Comment naviguer, et avec qui ? La e-citoyenneté ne s’improvise pas, elle doit se construire, tout est à faire. Un enjeu de société qui nous concerne tous.