« Les deux mots les plus brefs et les plus anciens, oui et non, sont ceux qui exigent le plus de réflexion. » Pythagore de Samos
Périodiquement, des personnalités scientifiques éminentes, des politiques, des associations, envoient des informations et des messages d’alarme. Leur perception va du rejet radical à la prise en compte intégrale, en passant par beaucoup de scepticisme ou d’indifférence. C’est le cas dernièrement de :
Greenpeace et autres : « l’accident nucléaire est possible », « L’Allemagne est renouvelable, la France aussi ». OGM : « lettre ouverte aux semenciers »
La revue « Sciences et Avenir » :« On a créé le virus le plus dangereux au monde, ce genre d’opération aurait-elle due être menée ? »
Dépassons nos croyances, nos idéologies, nos intérêts immédiats, et abordons notre avenir en face. La technologie a fait faire des progrès énormes dont l’homme a profité. Il en est de même des médicaments. Mais, dans ce cas comme dans le précédent, il ne faut pas dépasser la dose qui permet de retrouver et maintenir l’équilibre. Un verre, ça va...Or « La perfection des moyens et la confusion des buts semblent caractériser notre époque » A. Einstein.
Devant l’évolution exponentielle, dite indispensable, de la « Production », de la « Consommation », de la « Pollution », en général, apparaissent des dangers qui n’ont plus rien à voir avec les bénéfices de tous ; il y a un moment où il est
indispensable de dire « Oui ou Non » pour affirmer nos valeurs.
Réfléchissons avec Monique Atlan et Roger-Pol Droit, journalistes et
philosophe : « Sur quelles valeurs fonder le monde de demain ? »
Les vieux rêves de fusion ou d’hybridation avec les machines se réactivent et s’intensifient. La procréation se médicalise et s’artificialise, les interventions sur l’ADN deviennent normales et courantes, on récompense (IGEN) les manipulations les plus audacieuses, l’intelligence artificielle progresse. Les sciences et les technologies contemporaines dessinent des paysages inédits... Ces tentations nouvelles modifient les limites encadrant, depuis toujours, la vie
humaine. L humain est en voie de désigner tout autre chose. Autrefois corps/esprit, homme/animal, vivant/inerte, séparaient des mondes dissemblables.
Ce n’est plus le cas. « Cette spécificité humaine est à redéfinir, réévaluer,
remodeler ; l’avenir reste imprévisible mais encore entre nos mains. »
Les trois messages évoqués au début posent le problème des risques que nous
voulons accepter ou pas, encourager ou interdire.
1°) Avec les accidents des centrales nucléaires, le stockage des déchets, et l’utilisation possible de la bombe, l’humanité entière est en danger, non seulement pour cause de morts possibles par million mais, du fait des atteintes au patrimoine génétique de l’homme et du vivant. La sécurité que nos politiques et nos spécialistes convaincus nous déclarent est un leurre. L’impensable n’est
pas prévu, mais existe ; c’est une question de temps !
2°) L’autre risque met en avant les manipulations génétiques, donc la possibilité de modifier l’homme et son environnement vivant. Avec l’extension de cette
technologie et les bouleversements possibles, le risque, est planétaire Si celui lié
à la consommation pure des plantes manipulées reste encore incertain, il se situe lors de la réalisation et de ses conséquences. D’après Francis Hallé, biologiste,
Institut de botanique de l’université de Montpellier. - Les trois quarts des OGM sont programmés pour supporter de hautes doses de désherbant : le glyphosate et ses surfactants. Des cultures de cellules rénales d’embryons humains, auxquelles on a ajouté du round up dilué de 200 à 100000 fois, alors qu’il n’a plus d’activité herbicide, ont montré que
les cellules étaient tuées en 1 à trois jours. - Répandu, le round up devient un des premiers contaminants des rivières non biodégradable. Avec surtout les surfactants, c’est un toxique perturbant la formation des hormones sexuelles dans les cellules issues de placenta et d’embryons humains ; cette eau contaminée est consommée par les humains et les animaux, après passage dans les nappes phréatiques. Dans la plante, il
se répand dans tous les tissus. - Comme les parasites développent des résistances, il faut introduire, en plus, de nouveaux herbicides, aussi ou plus toxiques, comme l’atrazine.
- Le danger important de l’OGM lui-même pour l’environnement est la contamination, par son pollen, des plantes de la même famille ainsi que le transfert horizontal à d’autres espèces par les transposons. Aucune distance de protection ne peut s’opposer au transfert : vent, animaux migrateurs, inondations, etc.
3°) Troisième exemple : un moratoire a été engagé par 39 chercheurs devant le danger potentiel de récents travaux. Le virus H5N1 de la grippe aviaire a été
manipulé en laboratoire, il est devenu virulent et contagieux entre mammifères,
donc pour l’homme. H5N1 tue quasiment 60% des personnes infectées, taux demortalité 3 à 6 fois supérieur à celui de la grippe espagnole qui avait exterminé 50 à 100 millions de personnes. Est-ce bien raisonnable de l’avoir créé et de divulguer, même dans le milieu scientifique, la méthode de fabrication, d’autant plus que la mutation réalisée ne sera pas forcément celle qui émergerait naturellement ? Luc Montagner, spécialiste du virus du Sida, n’a pas hésité à dire Non ! D’autres, comme Charles Doherty (Nobel 1996), juge que c’est important pour les traitements. En 1975, au tout début des travaux de génie génétique, le
biochimiste Paul Berg, devenu prix Nobel, s’interrogeait sur les menaces des bactéries génétiquement modifiées. Leur recette de fabrication peut tomber en de mauvaises mains. Des cas de conscience semblables ont déjà surgi, dans le monde scientifique, au moment de la fabrication de la bombe H ; sans suite !
Michel Foucault proclamait, après « la mort de Dieu, la mort de l’Homme », et annonçait son effacement prochain « comme au bord de la mer un visage de sable ». Il s’agissait de la disparition de la figure de l’homme forgée par notre humanisme. Est-ce cela que nous voulons ? Les connaissances, la technologie et l’intelligence sont capables d’ouvrir une autre voie, c’est une volonté politique à infléchir progressivement pour que le progrès subi (comme par l’Europe du S
en ce moment !), soit remplacé par un progrès choisi.
- par Georges Vallet
N.B. Les cinq mutations isolées par les chercheurs, et qui rendent le virus H5N1 si contagieux, ont déjà été repérées dans la nature, individuellement, sur des souches sauvages. Certes, le risque est faible que ces cinq mutations se retrouvent un jour, au gré des arrangements, pour se recombiner en un super H5N1, mais il n’est pas nul. En présence d’une bactérie Escherichia coli rendue artificiellement inviolable, un virus, le bacteriophage lamda, est parvenu à
trouver la faille en deux semaines ! 4 mutations étaient nécessaires, les chances calculées étaient de une sur 10 puissance 24 !!! L’impensable est devenu réalisable !