Le débat est "féroce" entre les partisans et les adversaires du projet de nouvel axe routier entre Poey-de-Lescar et Oloron. Retour sur la "voie rapide" de la plaine de Nay et ses conséquences locales.
Fin des années 80 était ouverte ce qui s’est vite appelé la "voie rapide" de la plaine de Nay. Les villages étaient enfin libérés d’une circulation automobile dense et accidentogène tellement les rues traversées y étaient étroites.
La nouvelle route inaugurée, on aurait pu craindre la mort annoncée de villages désertés par l’automobile. 25 ans plus tard, la population a retrouvé le calme "ancestral" du piémont pyrénéen et mieux encore, les nouveaux habitants arrivent à un flux régulier : en moyenne, la population des communes desservies a augmenté de près de 22 % en passant de 14.700 à 17.900 habitants entre 1982 et 2007 (voir tableau en pièce jointe). Les communes les plus éloignées de Pau et/ou de Turboméca, Nay ou Coarraze, voient cependant leur population stagner.
La voie rapide a donc apporté un regain de vie à ce territoire. Une zone commerciale s’est développée du côté de Coarraze. Une zone artisanale du coté de Assat.
Pendant ce temps là, la population d’Oloron stagnait : 11.513 habitants en 1982, 11.141 habitants en 2007. Un probable problème d’irrigation de la ville par ses voies de communication.
En 2010, les collectivités territoriales et Turboméca inauguraient "Eole" à Bordes, pôle aéronautique avec une nouvelle usine et des équipements mutualisés comme un restaurant inter-entreprises, un centre de conférences, un hôtel d’entreprises, une école d’ingénieur, une zone d’accueil des sous-traitants. Au total, un investissement de 150 millions d’euros.
Pensons-nous un instant qu’à cet endroit, un tel projet aurait été mené à son terme si la voie rapide n’avait jamais été mise en place ?
En son absence, les 2000 salariés de Turboméca seraient-ils toujours dans le Plaine de Nay ?
La voie rapide a déplacé les habitants et les activités vers la périphérie de Pau. A temps de déplacement constant, ils ont pu aller plus loin.
La limite de l’effet de cette voie rapide sur le développement est le point où le temps gagné par la majorité des usagers ne permet pas de descendre en dessous d’un certain seuil.
Le résultat est que la zone dense (Pau) est déshabillée.
Ce mécanisme s’appelle étalement urbain. Cet exemple est un classique de Nouvelle Economie Géographique.
La tendance actuelle serait, me semble-t-il, de redensifier et non de toujours accroitre la vitesse pour aller plus loin.
> Axe Poey-de-Lescar-Oloron : Leçons de la "voie rapide" de la plaine de Nay
BB :"En son absence, les 2000 salariés de Turboméca seraient-ils toujours dans le Plaine de Nay ?"
Dieu seul le sait !
Le directeur de l’usine de Lindt disait qu’une nouvelle route n’était pas quelque chose de fondamental pour son activité.
Si on se projette à 20 ans, voire 10 ou 5, je crois que de nombreuses personnes ne pourront plus se payer de voiture... mais cela n’est qu’un pronostique.