Voilà un mot d’ordre qui devrait être adopté par tous les responsables politiques et économiques, à un moment où l’emploi en France se contracte.
Aucune piste ne doit être négligée. De ce point de vue, le « sommet social » du 18 janvier a visé juste en se concentrant sur des propositions concrètes : se concentrer sur la formation, la simplification du chômage partiel, consacrer 100 millions pour l’exonération de charges pour l’emploi de jeunes, 39 millions pour le Pôle emploi, créer une banque de l’industrie. Cependant, les ténors de la gauche, comme H. Emmanuelli ont eu beau jeu de relever que les 100 (ou 140) millions consacrés au chômage partiel font pâle figure par rapport aux 6 milliards engagés par l’Allemagne et que par ailleurs les 1000 postes promis au Pôle emploi font suite à la suppression de 1800 postes l’an passé. De surcroît, ces mesures apparaissent comme bien tardives. Et surtout en contradiction d’une part avec les différents plans de rigueur qui ne peuvent que conduire à une contraction de la demande et de l’activité et d’autre part avec l’erreur majeure de la défiscalisation des heures supplémentaires. En effet, inciter les entreprises à allonger les horaires de travail, c’est aussi les inciter à ne pas embaucher.
Pour autant, il n’est pas évident que des mesures d’abaissement des horaires de travail ou d’aide à la compétitivité aient des effets automatiques. Pour leur assurer une bonne efficacité, il conviendrait peut-être d’avoir recours au concept de rétroaction (en anglais « feedback »). Ce terme issu de la théorie de la commande optimale (au sens mathématique) désigne les mécanismes incitatifs propres à assurer une régulation ou un équilibre. Pour prendre un exemple, on pourrait concevoir que le transfert des taxes pour la branche famille de la sécurité sociale ne se fasse au profit des entreprises que si celles-ci investissent ou embauchent. Certes, le processus serait plus complexe. Mais ce système incitatif conduirait les entreprises à avoir envie d’embaucher plutôt que de supprimer des emplois ou de reverser des bénéfices aux actionnaires, proches ou lointains.
Toute une panoplie de mesures devrait être déployée pour donner confiance aux entreprises. Parmi elles ne faudrait-il pas envisager le développement de la mutualisation d’emplois entre différentes entreprises d’un même bassin de vie. D’une part pour compenser les hauts et les bas de la charge de travail, d’autre part pour assurer certaines charges comme la comptabilité, la prospection commerciale etc. Des mesures spécifiques pourraient être prises en faveur des jeunes pour de telles opportunités, en particulier pour l’aide à l’exportation. D’une part parce que cette fraction de la population souffre particulièrement du chômage ; d’autre part parce qu’elle est riche d’enthousiasme et de possibilités d’adaptation. Partir à l’étranger pour faire de la prospection pour le compte de quelques entreprises qui, isolément ne pourraient pas se permettre de telles opérations ne poserait pas les mêmes problèmes à un jeune célibataire qu’à un chargé de famille. Et l’expérience gagnée pourrait être mise au service de l’économie française.
Sur le plan régional, la recherche d’une plus grande souplesse devrait être privilégiée. Ainsi, dans le domaine de l’aéronautique, on sait que si les espoirs de Dassault sont en passe d’être déçus, il n’en est pas de même pour Airbus et ses sous-traitants. Aussi, c’est à l’échelle des deux régions (au moins) que la question de l’emploi dans ce secteur doit être traitée. Il en est de même pour la question des transports et pour la question de la formation. Ne coupons pas les bérets pyrénéens en deux ou en quatre !
- par Léon Valrasse
Cet article a été écrit avant la divulgation des chiffres du
chomage et avant la diffusion des propositions des candidats. L’idée
d’un partenariat ou tutorat entre seniors et jeunes entre dans l’optique
des mesures envisagées plus haut. On peut s’étonner qu’elle n’ait pas
été mise en application plus tôt. A l’inverse, les mesures de
pré-retraite largement utilisées par les grandes entreprises ces
dernières décennies ont coûté très cher. Pour ce qui est du chômage, il
n’est pas évident de ne pas s’égarer dans les données : 2 874 500
chômeurs pour la catégorie A (sans autre activité), 4 270 700 chômeurs
avec les catégories B et C (activité réduite), plus de 5 000 000 en
comptant les demandeurs d’emploi en formation ou dispensés de recherche
d’emploi (catégories D et E). Une donnée plus simple sera sans doute
retenue par les électeurs et les commentateurs : depuis 2007 le nombre
de demandeurs d’emploi a augmenté d’un million en France.