L’automne est probablement pour moi l’une des plus belles périodes de l’année pour diverses raisons. D’une part, cette « arrière saison », comme souvent en Ariège, est parfois plus clémente que ce que l’on peut vivre au cours de l’été. Et encore cette année, nous n’aurons pas été déçu par cet été indien. De plus, les feuillage des arbres se parent de leurs plus belles couleurs, allant des tons cuivrés à de magnifiques teintes dorées. C’est alors l’occasion de se balader en montagne afin de se délecter de cette palette étincelante. Aussi, pour m’en imprégner un peu plus, j’ai jeté mon dévolu sur un coin du Couserans que j’affectionne tant.
La journée a tout d’abord débutée sous un magnifique lever de soleil dans un ciel totalement vierge de nuages. Au fur et à mesure de son élévation, les paysages alentours se sont littéralement embrasés sous les premiers rayons. Je suis resté là un moment, un grand moment même, à contempler tant de beauté et de simplicité à la fois. Le bonheur tient parfois à peu de choses. Et puis, l’automne est aussi l’époque du rut pour les cerfs. D’ailleurs, depuis un moment, un puissant brame retentissait régulièrement sur un versant opposé. Il me vint alors l’idée d’essayer de le repérer, grâce au petit téléobjectif dont je venais de faire usage sur des détails de feuilles aux derniers instants de leur vie perchée. Pointant l’objectif dans la direction qui me semble être la bonne, je tombe sur quatre animaux sombres en file indienne que j’assimile instantanément à des sangliers. Je déclenche, et visionne le résultat au dos de l’appareil photo numérique. Non, ce ne sont pas des sangliers, mais... des ours ! Je ne veux tout d’abord pas y croire. Les ours, cela fait longtemps que je souhaite en rencontrer et, malgré les sorties dans des contrées reculées de nos montagnes chaque week-end de l’année, l’occasion ne s’est jamais présentée. Aujourd’hui, ils étaient là, devant moi. Je change alors immédiatement d’objectif pour utiliser un plus grand télé et déclenche à nouveau.
La scène aura duré à peine plus d’une minute, juste le temps que cette petite famille ne sorte du couvert des arbres pour traverser une langue herbeuse et retourne se dissimuler parmi les buissons. Une rencontre furtive mais oh combien intense avec cette portée de trois oursons, tous, semble t-il, en très bonne santé une dizaine de mois après leur naissance, chose rare.