Palavas a quitté la Communauté d’agglomération de Montpellier et subit depuis les représailles de la part du Président Georges Frêche : transports en commun supprimés, poubelles retirées, etc. L’affaire tourne au mimodrame entre droite et gauche. Georges Frêche est “l’empereur”, “l’ogre”, “le Médicis teinté d’un Pic de la Mirandole”, “le Machiavel revu par Mao Tsé Tung” etc.. Du Moyen Age à la Renaissance, tout y passe. Pour souligner quoi ? Pour souligner la disparition du contre-pouvoir local. L’affaire de Palavas est instructive sous l’angle des duels droite-gauche, et parce que le préfet s’en mêle - c’est son devoir - de l’opposition féodal-intendant mais surtout elle nous fait prendre conscience de pouvoirs exorbitants sans vrai contre-pouvoir.
Ce qui nous intéresse, nous palois et membres de la CDA, c’est ce qui vient de se passer à Pau. Madame Lydie Laborde, 3e adjointe a démissionné du Conseil municipal. S’étant opposée publiquement au maire, elle devait le faire. Si nous sommes choqués par cette démission, considérée comme la manifestation d’un pouvoir absolu, il faut savoir que le chef de la majorité municipale, à la fois chef de l’exécutif et du législatif, la loi le veut ainsi, a la liberté et même le devoir, de ne pas permettre à sa majorité d’écart à la ligne qu’il décide. Ce pouvoir absolu n’est qu’un exemple de l’exercice d’un pouvoir sans contre-pouvoir. Qu’on en juge : l’effectif du Conseil Municipal de Pau élu le 11 mars 2001 est de 49 membres : 40 pour la majorité, 9 pour l’opposition.
La question que tout le monde se pose, question récurrente à chaque décision municipale contestable : mais que fait l’opposition ? Je retourne la question : quelle opposition ? celle du conseil municipal de Pau ou celle de la CDA ?
Commençons par PAU : il y a deux oppositions minoritaires, celle des apparentés UDF-UMP et celle des écologistes. La première compte 6 élus, la seconde, 3. Elles font peu souvent front commun, cela va sans dire. Parlons de la première, puisque j’en fais partie. Passé l’amertume de l’échec électoral, chacun de ses membres est revenu à son métier, à sa famille, en faisant de son mieux pour surnager dans le flot de la majorité et pour respecter l’électorat qui lui a fait confiance. Comment ? En participant sans illusions aux décisions qui lui paraissent valables, sachant combien dérisoire et rarement utile est la portée de ce que ses membres peuvent proposer ou critiquer.
Pour l’heure, où est la presse qui pourrait nourrir ou souligner ses tentatives ? Une presse suffisamment autonome pour analyser les ressorts d’un pouvoir autocrate ? L’opposition jouit cependant d’un privilège remarquable : elle peut s’exprimer librement et longuement. Le budget est l’occasion quasi-rituelle d’affirmer les choix qu’elle aurait privilégiés et la méthode qu’elle aurait employée ... Cela ne va pas beaucoup plus loin, il faut bien l’admettre.
Mais direz-vous, à la CDA, ce n’est pas la même chose ! Si, malheureusement, même lorsque quelque maire entre en conflit avec le tout-puissant président de la CDA, cela va pas bien loin. Pau pèse beaucoup trop lourd dans la balance des voix et si son président a fait une petite place aux oppositions de son conseil municipal, le calcul a été fait pour que la manifestation d’une opposition puissante au sein de la CDA soit hautement improbable. Il faudrait du temps pour analyser la structure du pouvoir dans la CDA et comprendre ses incohérences et contradictions. Soyons conscients qu’aujourd’hui tout passe par la CDA et que le citoyen moyen est un tout petit pion sur un échiquier complexe où jouent roi, reine et fous, sans parler des cavaliers...
C’est pourquoi l’initiative de Bernard Boutin est au delà de l’utile et c’est pourquoi le travail remarquable qu’il accomplit en nous offrant l’espace de liberté d’Alternatives Paloises nous est si précieux...