> "Un Fil à la patte" de Georges Feydeau
14 février 2011
Bonjour Bernard Boutin,
merci de votre message qui nous donne bien du baume au cœur.
Notre bonheur est de procurer de la joie aux palois, et surtout dans la mission que nous nous sommes assignée quasi de "service public" de représentations scolaires auprès de nos enfants.
Vendredi, les acteurs avaient la nervosité des soirées de premières, devant une salle presque comble. Avec un peu plus de sérénité, leur jeu devrait s’améliorer et le spectacle gagner en pétulance.
Mais j’ai le vague à l’âme depuis quelques jours. En effet, avec la nouvelle mesure que vient de prendre les Services Culturels de la Mairie de doubler le tarif de location du Saint-Louis, je ne donne pas cher de notre avenir professionnel.
Comment pourrons-nous en effet payer les charges sociales des intermittents - sans subvention ou si peu (2.000 € de la mairie en 2010 et autant du CG64) - en payant une taxe supplémentaire de 8.000 € par an à la Ville, soit 20% de nos recettes ? Nous essayons de faire un théâtre populaire accessible à tous, et notamment en pratiquant des tarifs bas (le prix moyen d’une place chez nous est de 9 €).
Alors nous mettrons la clé sous la porte. Et ce seront une dizaine d’intermittents palois qui vont se retrouver sur le carreau et émarger aux minima sociaux !
Adieu le paradis, bonjour l’enfer !
La part belle est faite aux compagnies d’amateurs qui non seulement n’ont pas de Licence d’entrepreneur de spectacles - à ce titre, il leur est interdit de jouer plus de 6 fois par an quel que soit le lieu ou le spectacle et elles jouent plus de 20 ou 30 fois dans l’année ! - mais encore ne payent aucune charge sociale ,disposent de subventions importantes et d’un tarif préférentiel - voire de la gratuité - du Saint-Louis...
Nous - même en jouant gratuitement ou faisant seulement la quête pour des associations caritatives -, on nous a refusé la gratuité du St Louis. Jusqu’aujourd’hui, nous souffrions de toutes ces injustices, le cœur gorgé de larmes et de dépit, mais fiers et optimistes nous avions la flamme... Alors nous nous posons la question : « Sommes-nous donc nuisibles à la cité qu’on veuille nous assassiner ? »
Moi, je suis découragé et fatigué de me battre. Même Don Quichotte a le droit au repos !
Nous allons terminer la saison, mais je ne sais pas si notre compagnie existera encore l’année prochaine.
A bientôt et merci encore pour tout.
Christian Lemarcis