A Pau, on identifie mal nos artistes. Les vrais. Peintres,
sculpteurs, graveurs... Il y en a, mais
où ? Qui les connait ? Sont-ils
valorisés ? Pourquoi chercher ailleurs des créateurs d’exceptions quand on
les a chez soi. Rencontre avec l’un d’entre eux et pas le moindre.
La création artistique, la vrai. Celle qui dure. Celle qui
se construit, décennies après décennies. Celle qui murit tel notre
jurançon.C’est de çà qu’il s’agit. Un
béarnais, artiste d’exception, crée parmi nous depuis 1953.
Roget LAÜT est né à Paris en 1924. Hier, quand on parle avec
lui. Le vide de la mère morte trop tôt. Le père qui ne compense pas. Son
enfance à Lasseube et à Pau. La fascination pour les taches, les craies à la
maternelle et un premier prof de dessin à Barthou : 4 heures tous les
jeudis matins. La guerre arrive. Dure vie. Les Beaux Arts à Toulouse entre 43
et 46. La tuberculose, encore la tuberculose et enfin l’école du Louvres en 48.
Le Musée des impressionnistes, celui d’Art Moderne. Un maître indiscutable
Cézanne. D’autres Monet, Van Gogh, Braque, Picasso. Eclectique.
L’art abstrait domine, 10 ans plus tard le figuratif prends
le dessus. Il restera toujours une influence très géométrique chez Roger Laüt.
Vivre de la peinture. C’est son difficile choix. Faire vivre
sa femme et ses deux enfants de la peinture, c’est sa réussite. Et c’est à Pau,
que cet homme discret, pas homme de « com » et de
« bling-bling », installe son atelier en septembre 1953, il y a 56
ans.
Sa vie sera consacrée à sa peinture, sa famille, ses
voyages. Une vie austère, dure mais tellement riche d’observations du monde.
Son premier voyage à Rome. Coup de foudre. Richesse
d’harmonie. Deux mois à dormir au camping à même la terre battue. « La
nature est si parfaite qu’elle ne demande pas de traduction géométrique ».
Première expo en 1957, premières vraies ventes.
Un frère,magistrat
colonial, et ce sera la Haute-Volta, le Mali. Une nature difficile à traduire.
3 mois sans paysages. On fera des portraits donc.« Dans la peinture, on
est porté par tous ceux qui nous précédent » et l’Afrique ne fait pas
partie de l’imaginaire des cubistes et autres impressionnistes.
Roger Laüt a cette particularité. Il observe en 1950 et vous
le rend en 2009 ! Plus de 50 ans pour murir des toiles. Elles sont
maintenant sur les chevalets à l’atelier. Elles y sont si fortes. 50 ans plus
tard !
Participation aux Amis des Arts à Pau, une rétrospective au
Musée de Pau (79),expositions au
Pavillon des Arts avec une régularité de métronome. Sa principale source de
revenu. Il ne va pas dans les circuits commerciaux. Se débrouille seul avec son
inséparable épouse. L’homme est trop modeste et discret. En décembre 2008, à 84
ans, il a pendu avec Monique, fidèle soutien, ses 80 toiles aux Pavillon des
Arts.
Des voyages comme source d’inspiration. Partout et pas
toujours loin : L’Aragon. Il
l’expose : « Je
voudrais dédier cette exposition au peuple des ombres, ombres de ceux qui ont
bâti ces maisons, ces fermes, ces églises, qui ont sculpté ces formes si
fermement accordées à leur milieu naturel... La ruine de tant de ces belles
demeures est un spectacle triste. Ces villages-cimetières sous le soleil,
comment les regarder avec indifférence, sans évoquer la vie qui s’en est enfuie
? »
L’inspiration, il
ira la chercherau Maroc, en Italie, aux
Pays-Bas, à la Réunion et elle transparaitra le jour même ou 20 ans plus tard.
Je ne sais décrire
la peinture. L’œil le fait pour moi. Il doit en être de même pour vous. Alors,
si vous voulez mieux connaître son œuvre, regardez les quelques photos qui
illustrent cet article. Allez surfer sur le site (absolument pas bling-bling)
que sa fille tient : rogerlaut.com.
Et pendant que
vous ferez cela, dites-vous qu’un « vieil » homme de 84 ans (particulièrement
alerte) s’installe derrière son chevalet tous les matins à 9 heures pour le
quitter à 21 heures. Il peindra la « résurgence » d’une de ses
nombreuses observations remontant aux années 50, 60, 70, 80, 90 ou 2000...
Discret, comme
toujours, il fera cela dans son havre de paix, de tranquillité et de simplicité
qu’il s’est monté à Vialer dans le Vic-Bilh.
Et si la ville de
Pau, célébrait un grand artiste qui, avec continuité, a crée une œuvre si vaste, malheureusement
disséminée. C’est la destiné des grands. Labarrère, connaisseur, a acheté
quelques œuvres. Vous en trouverez une ou deux à la Mairie.
À quand la grande
rétrospective ? Roger Laüt, un
artiste rare à Pau, la mérite.
Je suis très sensible à l’artiste et au talent... Juste une touche de pinceau...à voir son "atelier" il y a certainement quelques "fonds de pots" à jeter.. ;non pardon à recycler. Sans rancune...J’espère que Pau et la Presse n’auront pas attendus vos 84 ans avant de vous citer .
> Création artistique : Hommage à un grand Béarnais
Trés bonne initiative de faire connaitre ainsi des personnalités artistiques telles que Roger Laüt !
Continuez !
amitiés.
jeg
> Création artistique : Hommage à un grand Béarnais
26 janvier 2009, par Lou Tilous
Laüt, je l’ai découvert à Pau en 1954, je crois, à la salle Pétron, où j’étais allé visiter son exposition avec mon père. Je ne l’ai jamais perdu de vue. Il a évolué, enrichi ses thèmes d’inspiration et c’est devenu un grand.