Un film américain de Courtney Hun avec : Melissa Leo, Misty Upham, Michael O Keefe, Mark Boone Junior, Charlie McDermott, Dylan Carusona, Jay Klaitz, Bernie Littlewolf, Michael Sky
Synopsis : Ray Eddy est sur le point d’acheter la maison de ses rêves. Quand son mari, joueur invétéré, s’enfuit avec l’argent du couple, elle se retrouve seule avec ses enfants, totalement désemparée. Furieuse, elle part à sa recherche. Elle rencontre alors Lila Littlewolf, une indienne Mohawk qui vit dans la réserve voisine. Cette dernière lui propose un plan pour gagner de l’argent facile : conduire illégalement des immigrants en traversant le Saint-Laurent, gelé en cette saison. Ayant désespérément besoin d’argent, Ray accepte : elle conduira elle-même la voiture et elles partageront l’argent. Ray accepte malgré les risques. Juste une fois... c’est ce que qu’elle croit.
Être Grand prix du festival de Sundance (ici, version 2008) revient presque à porter une étiquette. Film social, moyens chiches, acteurs inconnus ou amateurs, mise en scène en plans fixes, vues sur des paysages vides, refus du spectaculaire, gros plans (abusifs ici et mal filmés, rendant les visages limite grotesques), humanisme, précarité... Frozen river porte tous ces stigmates, en forme de signature, comme l’était la nouvelle vague en France, ou plus artificiellement les films du Dogme plus récemment. Faut-il pour autant bouder son plaisir ? Non. Parce que le duo d’actrices atypiques force l’intérêt. L’une joue une mère un peu déglinguée et fraichement abandonnée par son mari prête à tout pour donner un toit décent à ses enfants, l’autre étant une descendante des Mohawks, trafiquante et passeuse d’immigrés, plus tellement dupe de sa vie et sans espoir. Dommage que les deux personnages soient mal écrits. Pour la première, on a du mal à comprendre l’insensibilité, notamment lorsque la vie d’un bébé est en jeu (et c’est elle même qui le met en danger) ; et pour la seconde, on ressent mal sa douleur face à son enfant volé (voir le film pour comprendre). Bref, malgré des moments forts, il manque à ce film, présenté comme une révélation, une émotion mais surtout une unité apte à passionner durablement. Heureusement, l’univers décrit est suffisamment nouveau pour intriguer.