Heidi Wood "Mount Isa" Expositions du 16 janvier au 7 mars 2009 à la galerie Sagace Vernissage en présence de l’artiste à 17 heures à l’ESAC (Pau)
La programmation 2009 a comme fil rouge les transversalités et la place durement acquise de l’image dans le champ des arts plastiques. Les artistes travaillent la photographie et l’image contemporaines en lien avec d’autres médium : la peinture et le design graphique pour Heidi Wood invitée pour la première exposition. Mais aussi la sculpture dans l’univers de Sylvie Réno, l’architecture pour France Dubois, l’image de mode et les lectures populaires que sont les romans-photos d’Antonio Caballero, et les photos d’amateurs qui constituent La documentation céline duval.
À l’occasion d’un voyage dans le nord de l’Australie, son pays d’origine, Heidi Wood découvre la ville de Mount Isa. Frappée par le caractère rudimentaire de l’habitat local, elle réalise une série de constats photographiques. Mount Isa est une riche cité minière crée il ya moins d’un siècle et située au Nord-Ouest de l’état de Queensland. La ville s’est développée autour d’une industrie prospère en un vaste tissu urbain sans qualité. Les images fixent ce phénomène à travers une sélection de quelques aménagements ponctuels entre le ciel bleu outremer et le sol ocre rouge. Chacune des photographies est associée à un collage d’adhésifs de décoration, qui reprend la découpe si caractéristique des bâtiments miniers, dans un rapprochement contrasté voire criard de deux effets de surfaces presque antinomiques. D’un côté une architecture résidentielle de tôles blanches, horizontale, épurée, géométrique, fonctionnelle et sans effet, de l’autre le signal résiduel de la mine version tableau kitch. L’effet fusion du diptyque produit l’image type de la ville.
À Orthez, l’exposition Mount Isa prend ainsi la forme d’une série de diptyques, que prolongent plusieurs peintures murales également inspirées de ce travail d’analyse et de synthèse d’un paysage urbain spécifique.
À Pau, l’exposition Dans l’univers de Beckmann-N’Thépé s’organise donc autour de cette grande peinture murale aux trois motifs, assortie d’une sélection de travaux qui viennent documenter cette démarche de déductions progressives. Dans les deux cas, s’expose principalement une méthode de travail. Plus qu’un résultat définitif, l’œuvre se situe du côté de la prestation. L’artiste opère par suggestion d’image (au sens de l’image de marque). D’une situation donnée, un environnement, une activité, Heidi Wood déduit une gamme de motifs autour desquels se condense le caractère identitaire de la chose. Plutôt qu’une représentation illusionniste de l’objet d’étude, l’œuvre s’impose comme une suggestion de signes (on pourrait dire de signaux) qui offrent une des orientations possibles du visible.
Depuis une dizaine d’année, le travail d’Heidi Wood explore les relations que notre environnement entretient avec l’histoire des formes et en particulier celles de la modernité. Dans la grande tradition de la peinture, sa démarche procède d’un dévoilement de ce qui se dessine au travers des apparences.