Le RSA a été récemment
voté et d’aucuns y voient la réponse au problème de la réinsertion. Nous serons
nombreux à guetter ses effets si tant est qu’il y ait quelque chose à signaler.
Martin Hirsh y croit dur comme fer, le RSA permettra à tous
les détenteurs des minima sociaux de prétendre à un retour sur le marché du
travail et accéder ainsi à une vie « normale ». Si les intentions
sont louables, on peut toutefois émettre quelques doutes raisonnables quant à
la réussite d’un projet , qui, sans être nécessairement voué à l’échec, va
connaître de sombres heures et d’innombrables obstacles. Ces obstacles, quels
sont-ils ?
Le premier , et non des moindres, concerne le timing. On ne
pouvait envisager pire moment pour instaurer un dispositif d’aide à la
réinsertion par le travail. L’emploi, comme chacun sait, est en crise et ce
n’est pas près de s’améliorer. Le second obstacle tient en un budget largement
amputé ; la somme allouée pour le RSA ayant été divisée par deux. On peut
se demander si cet argent n’aurait pas été mieux employé à consolider des
secteurs -donc des emplois- durement touchés par la récession. Cela dit, on
pourrait argumenter de manière inverse et s’interroger sur les fonds que le
gouvernement met à la disposition de l’économie et des banques mais pas dans la
réinsertion. C’est un autre débat et les priorités sont différentes.
On peut enfin se poser des questions quant à l’état d’esprit
des RMIstes. Un grand nombre d’entre eux sont en effet tellement désocialisés,
sous perfusion sociale depuis des années, que l’on doute que le discours
volontariste de Martin Hirsh ait un quelconque impact. Les exemples précis pour
la ville de Pau ont de quoi inquiéter et laissent présager que pour beaucoup,
les bonnes intentions du gouvernement resteront lettre morte. Certains ont
perdu tout repère d’ordre professionnel et il faut les aider en priorité car
ils ne demandent pas mieux. D’autres en revanche font un calcul très
simple : pour 200 euros supplémentaires (les chiffres en fait varient
selon la situation professionnelle de l’intéressé), inutile de se lever pour
aller trimer. Pourquoi d’ailleurs irait-il se soumettre à un patron quand le
système leur octroie un studio pour 20 euros par mois -APL oblige- ainsi que
480 euros mensuel de RMI, sans compter les primes et les aides ponctuelles
déversées par l’état et les collectivités. Ce système est critiquable car il
incite à l’oisiveté et ne comporte aucune contrepartie. Gageons qu’il ne sera
pas simple de remettre une partie de cette population au travail, et si les
incitations financières ne suffisent pas, alors quelle autre solution ?
Emmaüs, dont Hirsh était le président, ne semble pas une
solution envisageable, du moins dans le volet réinsertion tel le qu’elle est
pratiquée par l’association située à Lescar. Germain Sary, le big boss, est à
la tête d’une armée bien rodée qui remplit parfaitement son office autant que
les hangars et les caisses de la collectivité. Malheureusement la réinsertion
est inexistante ; quand on rentre chez Emmaüs, on y reste ou alors on en
repart comme on est venu. Pas simple, mais souhaitons tout de même bonne chance
au RSA, il en aidera forcément plus d’un.