Il est d’actualité de se pencher au chevet du centre ville de Pau. Ailleurs, les centres villes sont souvent en excellente santé et bien éveillés... Quel Mal étrange frappe donc Pau ? Il est aisé, et souvent très justement, d’accuser des facteurs extérieurs au commerce et aux commerçants eux-mêmes. L’équipe municipale a largement œuvré pour l’embellissement périphérique, au détriment du centre ville. Le soleil, éblouissant le regard lucide que les décideurs auraient du porter autour d’eux, les façades et les volets du cœur de notre cité se sont parés d’une palette de couleurs allant du gris clair au noir. Nos amis canidés s’expriment largement sur la voie publique et les pelouses. Certains de nos concitoyens se sentent très solidaires des employés de la ville, leur garantissant une somme de travail considérable, en répandant un peu partout sacs-poubelles et déchets divers. À leur décharge, les emplacements spécialement prévus à cet effet tiennent, dans certaines rues, de l’exceptionnel.
Notre « vie rêvée des villes » l’est également pour de nombreux SDF et personnages en marge. Au regard de la théorique couleur politique du Maire et des nombreuses bonnes âmes qui l’entourent, pourquoi ces êtres humains continuent-ils à errer dans nos rues ? Enfin, « il est impossible de se garer à Pau ». Les Béarnais font souvent preuve de mauvaise foi. De vieilles habitudes demeurent. La STAP a-t-elle été autorisée à mettre en place des projets novateurs et porteurs d’avenir ? Une partie de la population de la ville est excédée. Elle fuit vers l’agglomération ou la campagne plus accueillante et ne retourne au centre ville que par obligation.
Mais arrêtons là cet inventaire trop facile et tellement évident. De nombreux échafaudages poussent sur les trottoirs. Le projet de la piétonisation va dans le bon sens. C’est une décision importante, même si elle ne réglera pas tout. Des propositions alternatives jaillissent. Il y a même des rendez-vous politiques pour cela. Chaque chose en son temps... J’ai fait un rêve. J’ai rêvé d’une ville où le triptyque « accueil, amabilité, service » serait le style de vie des commerçants. Combien d’entre vous n’ont jamais été salué ? Combien d’entre vous ont du interrompre des conversations personnelles ? Combien d’entre vous n’ont jamais vu sourire le propriétaire des lieux ? Combien d’entre vous ont été déshabillés du regard pour jauger de la somme d’argent que vous alliez dépenser ? Combien d’entre vous n’ont jamais été remerciés chaleureusement en repartant ? Quelque que soit la somme dépensée. Combien d’entre vous se sont cassés le nez sur la pause déjeuner, entre 11h58 et 14h ? Combien d’entre vous ont retrouvé chez certains « petits » commerçants du centre ville les méthodes qui ont toujours fait leur réussite ? Combien d’entre eux ont compris qu’investir dans leur outil de travail, c’est assurer l’avenir de leur activité ? J’ai rêvé d’un centre ville convivial, chaleureux et fonctionnel, où tout aurait été pensé pour le client potentiel, le visiteur d’un jour ou le résident. J’ai rêvé d’un centre ville où les notions de plaisir et d’originalité ne seraient pas que des mots. Combien parmi vous ont été sensibilisés au fait que l’offre du centre ville est la plus diversifiée, la plus riche, à des prix attractifs ? Combien d’entre vous sont en accord avec cet amer, ce lucide, ce sévère, ce juste constat ? Vous allez donc me dire : « encore un inventaire... ». La dégradation du commerce du centre ville ne trouve-t-elle pas aussi sa source chez certains commerçants eux-mêmes ? Pour ma part, je suis plutôt favorable à l’action et à la réaction... Mais j’oubliais. Je vous ai dit : j’ai fait un rêve. Pas un cauchemar. La nuit était longue. J’ai pu savourer cette vie rêvée du commerce de centre ville.