Quand Max Moreau ouvre son carnet d’adresses pour organiser une rencontre-débat sur le thème "Economie et Culture", il n’a pas de mal à regrouper autour de lui un "panel" de personnalités aussi varié que ses domaines d’intérêts. La soirée promettait, les spectateurs le savaient d’avance et la salle des délibérations du Parlement de Navarre affichait plus que complet vendredi dernier. Une partie des spectateurs fut même contrainte d’assister à la rencontre dans une salle annexe sonorisée.
Des économistes, des politiques, des écrivains, des industriels prirent tour à tour la parole au Parlement de Navarre. Un point commun les liait tous : cette passion pour notre territoire, un territoire riche en hommes, en patrimoine, en histoire mais aussi en potentiel. Difficile de les mentionner tous. Restons en à la parole économique.
Le premier d’entre-eux, l’hôte du moment, Georges Labazée, président du Conseil Général, présente d’abord un large tableau des interventions de l’administration départementale en direction de l’économie. Les sommes dépensées sont conséquentes : 302 millions d’euros sur un budget total de 750 millions. Des exemples : Cette année, le CG s’engagera auprès de Toray dans le Bassin de Lacq pour 4 millions d’euros, prendra en main les destinés du train de la Rhune avec ses 450.000 visiteurs annuels, continuera, par sa politique en faveur de l’économie de la montagne, à y maintenir 500 emplois permanents ou semi-permanents, investira 23 millions à la Pierre Saint Martin... Sur les 3 ans à venir, les travaux de rénovation des collèges représenteront 35 millions d’euros d’investissement par an qui permettront des retombées directes dans l’industrie du BPT. Le Président rappellera aussi que notre département est le premier pour l’implantation des jeunes agriculteurs en France et que dès à présent 20% de la nourriture dans les cantines scolaires sont d’origine bio locale. Autant de domaines où le CG intervient. Le Président n’oublie pas aussi de mentionner la mise en place d’un dispositif Béarn-Bigorre de valorisation des Pyrénées ou encore l’engagement pour la desserte LGV des deux territoires. Un Conseil Général qui globalement investira 180 millions d’euros cette année ce qui le classe parmi les cinq premiers départements en France. Un Conseil général qui est au final, lui-aussi une "locomotive" du département.
Jean-Michel Treille, béarnais d’adoption, membre de l’Académie de Béarn, économiste, spécialiste en management et en stratégie industrielle, qui vient de publier « Les clés de l’avenir, l’ambition industrielle », nous rappelle alors quelques vérités sur l’informatisation, créative de décroissance en matière d’emploi, la mondialisation qui a provoqué la naissance de géants comme Wall Mart avec ses 450 milliards de dollars de chiffre d’affaire annuel ! La donne économique a complétement changé en une décennie. Aujourd’hui, en France, 3,5 millions de personnes sont au chômage et 8 millions sous le seuil de pauvreté. Le message est clair : il y a urgence à rendre de nouveau la France compétitive, toute la France et notamment son administration où les textes de loi font 600 pages en moyenne !
Pierre Saubot, industriel fondateur d’Haulotte, vigneron, président de l’Académie de Béarn, de La Garbure, a une relation fusionnelle avec notre territoire et combat pour son avenir, notamment au travers de l’association Béarn Adour Pyrénées qu’il préside. Par une ode économique sur le thème humoristique du "Tribunal des flagrants délires", il nous a répertorié les difficultés rencontrées par les chefs d’entreprises pour exercer leur pouvoir. Elles sont nombreuses. Pour lire l’intégralité de la déclaration de Pierre Saubot : voir la pièce jointe.
Christian Pouyanne, président de la Banque Pouyanne nous fait alors découvrir une banque installée par sa famille, il y a 110 ans. Une stratégie depuis toujours : "rester nous-mêmes" au service de l’économie locale. Une croissance raisonnable et 12 agences à ce jour pour 80 salariés. Face à l’appauvrissement des forces vives de notre territoire, la banque s’est investie dans la promotion de France Angels qui vise à promouvoir l’investissement par l’intermédiaire de Business Angels. Un regret, à cause d’une fiscalité toujours plus forte, l’envie d’entreprendre s’étiole...
Max Moreau nous propose alors son dernier livre économique : "La tentation de l’Adour". Un appel à pleinement réaliser les potentialités de Béarn-Bigorre, un territoire de près de 600.000 habitants avec deux conurbations qui vont se fondre en une seule : Pau-Tarbes-Lourdes-Oloron-Bagnères. Tout y tend : les nécessités économiques parmi lesquelles il cite en exemple les hôpitaux, l’abattoir et l’hérésie des circuits de la viande dans notre région, le traitement des déchets. Tout y tend avec une culture et une mémoire si proche. La présentation du livre est à découvrir en pièce jointe.
Jean-Paul Betbèze, Chef économiste et Directeur des Etudes économiques du Crédit Agricole, Bigourdan de Bagnères de Bigorre, affirme : "la France est en récession". L’industrie du bâtiment fera en 2013 moins 10%, les autres secteurs feront entre moins 5 et moins 7%. La crise financière a caché une crise industrielle. Plus en avant dans la soirée, un intervenant rappellera qu’il y a 25 ans, l’industrie représentait 25% du PIB de la France et qu’aujourd’hui elle ne représente que 12%. Les Etats-Unis, suite à la crise, ont baissé les taux à court-terme et à long-terme, les salaires, le coût de l’énergie, la valeur du dollar. Résultat : l’économie est repartie. Nous, qu’avons-nous fait ? Que pouvons-nous faire ?
Face à une situation aussi compliquée et difficile, si nous ne pouvons rien faire au niveau national, faisons en local en développant le "pôle Adour" qui lui reste tiré vers le haut et notamment par le secteur aéronautique et agricole (le maïs se porte bien). "Small is beautiful" serions-nous tenté de dire !
Eric Darcimolle, ancien Président de Turboméca, ne mâche pas ses mots : "c’est le monde financier américain qui a foutu le "bordel"." Heureusement qu’au niveau local, il y a des hommes qui ont la fibre industrielle. Et de citer, le président socialiste de la région : Alain Rousset grâce à qui Aéropolis s’est implanté à Bordes, pérénisant ainsi Turboméca et son pôle aéronautique "qui a de belles années devant lui".
Un Eric Darcimolle qui fera trois propositions :
1 - Donnons le pouvoir politique définitivement aux élus en régions. "On sait qui est en charge et, si cela ne va pas, on prend nos fourches pour aller les voir..." 2 - Les politiques doivent gérer leur administration. Ce sont les hauts-fonctionnaires qui à Paris font la loi*. 3 - Et, plus que jamais, mobilisons-nous pour la formation des jeunes...
Il y a beaucoup de richesse dans notre territoire. A elle de se faire entendre !
- par Bernard Boutin
* Chez A@P, nous voyons là un motif de plus d’être contre le cumul des mandats.
PS : en pièces jointes, - l’intervention de Pierre Saubot - la liste des participants à cette rencontre. A@P s’excuse auprès de ceux non-mentionnés mais le "panel" était vraiment trop vaste pour pouvoir mentionner tout le monde. - présentation du livre de Max Moreau "La tentation de l’Adour"