C’est le rôle d’un journal satirique que de nous faire sourire d’un épisode douloureux. Même si ce sourire n’est pas loin d’un rictus. Et c’est le rôle de ce site que de faire réfléchir aux moments forts de l’actualité.
Emmanuel et Daniel ont mené ici un débat de très bonne tenue sur la question de l’avenir du site de Florange. Il n’est pas facile de trancher sur la priorité à accorder : sauvegarder les emplois ou sauver les salariés. En cette période de montée du chômage, on pense bien sûr d’abord aux salariés, à leur famille et à leur entourage. Mais sauvegarder des emplois et une filière, c’est assurer une pérennité à une filière, à un site et à des emplois futurs.
L’opinion publique s’est passionnée pour ce dilemme. Les mines et l’industrie lourde sont depuis des décennies emblématiques de l’emploi salarié en France. Sans aller jusqu’à la période de Germinal, je retrouve dans mes souvenirs une visite scolaire aux hauts-fourneaux de Lorraine et une descente dans les mines de fer. C’est dire l’importance que l’école de la République accordait à ce secteur, à une époque qui connaissait peu de voyages scolaires.
Mais les mines de fer ont fermé et les hauts-fourneaux n’ont qu’un sursis de quelques mois. La déception est grande à l’annonce du plan de M. Mittal, au lendemain de l’accord avec le gouvernement. Celui-ci a-t-il été naïf à ce point, face à un financier d’acier ? Voulait-il faire oublier les rodomontades et les propos à l’emporte-pièce de M. Montebourg et rassurer le patronat et les investisseurs ? Ce qui pouvait apparaître comme un jeu de rôle habile a tourné à la soupe à la grimace. L’abandon du projet Ulcos d’enfouissement du CO2 sonne le glas d’un espoir de survie des hauts-fourneaux le temps d’un éventuel retournement du marché de l’acier, actuellement très déprimé. Cet espoir est mince, mais n’a-t-on pas vu des situations aussi inextricables se dénouer ?
Certes, il n’est pas simple de trouver une bonne solution. Mais on est en droit de se demander si toutes les possibilités ont été explorées. Outre la nationalisation et la reprise par un repreneur, la formation d’une coopérative ouvrière pouvait-elle être exclue ? Le marché de l’acier n’est pas comparable au marché des grille-pains ou des compagnies de navigation ; mais il n’était peut-être pas impossible de trouver des dirigeants compétents.
La piste principale aurait été d’exiger une réponse européenne pour le site mosellan et celui de Tarente (la plus grande aciérie d’Europe). Les aciéries allemandes sont préservées alors que la situation de l’emploi est bien moins alarmante en Allemagne qu’en France et en Italie et que les balances commerciales ne sont pas comparables. Mais, bien sûr les principaux clients de l’industrie automobile sont situés en Allemagne et en Slovaquie. Cette question de localisation ne se poserait pas en les mêmes termes si l’approvisionnement énergétique était différent. Les découvertes en Mer du Nord et le gaz de schiste dans « un pays béni des dieux », selon les termes de M. Rocard, seraient-ils à même de changer la donne ? On peut en douter. Mais comment éviter de penser que si M. Mittal estime que son groupe n’est pas assez avancé en matière d’enfouissement du CO2, le groupe Total se targue de maîtriser cette technique. L’investissement serait minime comparé aux investissements nécessaires à l’exploration et l’exploitation pétrolières et l’expérience acquise pourrait s’exporter. Inciter les grands groupes à investir en France semblait bien se marier avec l’air du temps il y a quelques mois. Il est bien court le temps des cerises...
Ce qui est rigolo c’est de mettre en paralelle les déclarations ce matin de la CGT de Fesseheim.
Voilà un site rentable et sûr, soutenu par sa Direction ses syndicats et son personnel que le gouvernement veut fermer !
Vous avez dit redressement productif ?
> Total soutien à Florange !
12 décembre 2012, par Oscar du Pont
Oui mais là, c’est à cause des raz de marée toujours possible en Alsace, avec toutes leurs conséquences funestes. Et puis il n’y aura aucun licenciements. On emploiera des agents EDF qui ont maintenu leur outil en état et qui ont confiance en lui, à regarder pendant 20 ans des sous-traitants spécialisés, détruire pierre par pierre cette usine, jusqu’à ce que retraite s’en suive baille que baille, tellement ils vont s’ennuyer à être payés à ne rien faire.
Et là, même pour la CGT, c’est presque trop.
Les haut fourneaux de Florange étaient déjà condamnés avant que Mittal ne rachète Arcelor.
On est en plus en surcapacité de production durable en Europe, alors il faut arrêter l’acharnement thérapeutique au frais du contribuable.
Par contre toujours pas un mot pour connaître les domaines dans lesquels le "redressement productif" va s’appliquer.
Mais comment éviter de penser que si M. Mittal estime que son groupe n’est pas assez avancé en matière d’enfouissement du CO2, le groupe Total se targue de maîtriser cette technique.
Quel rapport ? Pourquoi voulez-vous que Mittal enfouisse du CO2 ??
> Total soutien à Florange !
12 décembre 2012, par Oscar du Pont
Probalement pour faire baisser ses coûts à terme, l’augmentation considérable des coûts de production des aciéries qui continueraient à émettre librement du CO2 étant très probable.