Bonjour Michou
Vous rapportez des images qui m’ont laissée rêveuse quand je suis passée sur ces sites. N’en déplaise à ceux pour qui ces lieux sont haïssables, moi j’y ai trouvé une beauté qui s’infiltre dans la surprise des espaces et des angles de vue...
Un certain nombre de ces constructions en dur valent le coup d’une réhabilitation lourde et basique à la fois, pour pouvoir respirer d’autre chose que d’une décharge où l’on craint de mettre les pieds sur un préservatif et une seringue....
Un bâtiment résonnait d’une guitare électrique quand j’y suis passée. Lieu pour exprimer sa musique et son bruit pour les apprentis groupes de toute sorte....On y sentait le vent de cette liberté.
Une auberge de jeunesse ? Un lieu de brocante ? Un appel à réhabilitation sous forme de chantier associatif et volontaire ?
Un environnement pictural, éphémère, de récupération, de recyclage...un lieu d’appropriation pour se réunir.... Un pilotage par des adultes avertis et une auto-gestion à l’arrivée...
Il y faudrait bien entendu des gardiens, des garde-fous, une police de proximité bienvenue...Cela est consubstantiel.
Bref, un projet citoyen par l’entropie, un Land-Art pour que ces terrains vagues et ces friches se régénèrent sans se faire déposséder par le standard...
c’est un grand rêve !
C’est sûr que si on s’oblige aux portes coupe-feu, aux issues de secours luminescentes, au chauffage et à la climatisation etc....
On rase tout et on fait un énième lieu aseptisé, des espaces de bureaux, des arbres maigreux sur des parkings et on met un promoteur sur le coup.
Or, n’y aurait t’il pas à ré-inventer de ce côté une manière de s’impliquer dans la vie collective ?
Sommes-nous pressés par le temps pour refuser d’y mettre en oeuvre un projet original et expérimental compatible avec la norme ?
A force de lieux sécurisés, on tue la vie et plus rien n’est à personne. Débute alors ce que je ressens comme un bonheur désespérant.
Je sais, j’écris dans l’utopie complète mais je pense à ces villages d’Ardèche qui ont été réhabilités par des chantiers de bénévoles dans les années 80...et à ce qui a pu se réaliser dans des chantiers d’été.
Je fais aussi ce parallèle avec les refuges de montagne où il n’y a que le basique pour assurer l’abri. On ne taille pas tous les cailloux sur les chemins qui y conduisent...Ne peut-on envisager ce chemin de traverse pour l’espace urbain ?
Il y a un risque à prendre, un défi local à relever et peut-être du côté de l’innovation. Je ne suis pas sûre que les réseaux dans lesquels nos élus sont pris puisse recevoir de telles idées. Parce qu’elles impliquent trop fort un idéal, la réponse mesurée ne cherchera qu’à désimpliquer la responsabilité des décideurs.
Et puis, un projet c’est une mandature. Il faut du résultat, que ça se voit, de l’imparable à la critique. Y’a pas mieux pour tuer dans l’oeuf.
De l’utopie que je défends, c’est un grand rêve dont il manque une idéologie qui se déclinerait vers une dynamique de projet. Il y a comme un vide de la pensée globale pour penser le local de ce point de vue.
Entre l’impensable et l’impensé, il doit bien y avoir un chemin, non ?
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